Ma petite bibli'

Mon enfance a été bercée, entre autres, par les livres. Beaucoup de livres.

En voici un p'tit bout :

Couleurs !

Des couleurs pour exprimer la différence, l'amitié, les émotions. Des couleurs pour vivre.

Le rouge peut être associé à la colère, le bleu à la tristesse. Les couleurs peuvent se mélanger pour en former de nouvelles. Elles dialoguent, se rencontrent, se séparent : elles vivent.

Utilisées comme décor ou pour transmettre une émotion, Leo Lionni et Arnold Lobel ont su parfaitement lier l'image au texte. Les couleurs et les mots sont complémentaires et ils laissent aux petits lecteurs une part d'interprétation et d'imagination.

Petit-Bleu et Petit-Jaune de Leo Lionni (1959)

Dans ce livre il y a :

• 125 g de mots

• 125 g de couleurs

• 175 g de graphisme

• 1 amitié

• 1 cuillère à café rase de poésie

• 120 g de douceur

• 1 cuillère à soupe bombée d'amour

Des petits morceaux de papier déchirés s'animent : ils vont à l'école, jouent, s'aiment. Petit-Bleu et Petit-Jaune s'aiment si fort qu'ils se font un bisou et deviennent verts.

L'histoire de Leo Lionni est simple. Les formes sont abstraites mais on n'a aucun mal à discerner les personnages grâce aux couleurs.

Le livre date de 1959 mais est encore très actuel. Le spectacle vivant s'en est d'ailleurs emparé : plusieurs compagnies ont mis en scène l'histoire de Petit-Bleu et Petit-Jaune.

J'en avais vu un enfant, sur l'Île de Noirmoutier, qui m'avait profondément marqué. J'ai relu ce livre des années plus tard et une autre interprétation de l'histoire s'est ouverte à moi. Je conseille vivement de relire les livres qui vous ont marqué enfant : parce que ça fait du bien mais aussi parce qu'on redécouvre l'histoire autrement et beaucoup de souvenirs et d'émotions refont surface. C'est d'ailleurs ce livre qui m'a inspiré pour "Pom", mes petites aquarelles, avec un petit-bleu et un petit-jaune.

Leo Lionni est né en 1910 à Amsterdam.

Il observe, rêve et se fascine pour le monde végétal et animal : "Allongé dans l'herbe, observant des tiges d'herbe qui deviennent des arbres géants, ou insecte qui se transforme en rhinocéros, je ressens le même étonnement que quand j'étais tout-petit. Aujourd'hui encore, je peux arpenter une plage pendant des heures à la recherche d'un caillou parfaitement rond ou en forme de coeur...".

Cultivons notre âme d'enfant, continuons à nous émerveiller devant la nature, respirons le monde.

Pezzettino de Leo Lionni (1975)

Utilisation du livre :

1. S'installer où bon vous semble : par terre, sur le lit ou en bord de mer.

2. Ouvrir le livre, seul ou accompagné.

3. Plongez dans l'histoire et se laisser porter.

" Il s'appelait Pezzettino*. Auprès de lui, tous ses amis étaient grands

et faisaient des choses surprenantes et audacieuses.

Lui, il était petit et il pensait que, certainement,

il devait être un petit bout de quelqu'un d'autre.

Mais de qui ? Il se le demandait souvent et, un jour,

il décida de chercher à la savoir."

*Pezzettino signifie "petit morceau" en italien.

Encore de la couleur, des formes, du graphisme et de la poésie dans cette histoire.

Les amis de Pezzettino sont des animaux fantastiques : Celui-qui-grimpe, celui-qui-court, celui-qui-vol-dans-les-airs... Après avoir demandé à tout le monde s'il n'appartenait pas à l'un d'eux, Pezzettino comprend alors : "Je suis bien moi !".

Cette petite histoire nous questionne sur notre rapport à l'autre, sur la différence, sur la quête de soi.

Le magicien des couleurs de Arnold Lobel (1968)

Mais, tout ce bleu, ce n'était pas merveilleux.

Après un certain temps le bleu attrista tout le monde. Les enfants ne jouaient plus, les coqs ne chantaient plus, les saules pleuraient, le troubadour poussait des complaintes déchirantes. "Ce bleu est trop déprimant", dirent les voisins au magicien qui était devenu le plus malheureux des hommes. "Personne de rit plus, c'est vrai. Je ne sais même plus sourire."

Dans cet ouvrage, le monde est gris et aucune couleur n'existe. Alors un jour, un magicien un peu fou décide de fabriquer des couleurs pour changer le monde. Un jour il découvre quelque chose qu'il va nommer "bleu". Il se met à peindre sa maison et les habitants veulent du bleu également.

Il fait plusieurs expériences mais a du mal à trouver la bonne couleur : le jaune ébloui, le rouge énerve, le bleu rend triste. Puis un jour, par hasard, ces trois couleurs primaires se mélangèrent entre elles et c'est ainsi que le magicien compris.

La narration est rythmée et le livre suit la même articulation. C'est un ouvrage qui se prête très bien à la lecture à voix haute, j'ai pu en faire l'expérience lors de l'évènement "Partir en Livre" où une collègue du réseau des bibliothèques avait fait une lecture à haute voix.